Nouvellement débarqué sur l’Île de Beauté par sa côte est, je suis immédiatement enivré par son parfum de maquis et par son appel à profiter de sa douce oisiveté méditerranéenne. Si la Corse est célèbre pour ses paysages authentiques et sauvages, le patrimoine insulaire a tout autant à proposer. Depuis Bastia et son vieux port, je m’engage sur la Territoriale 20 en direction du sud-ouest pour une visite guidée du village de Lento et de ses alentours.
Avant de s’élancer sur la dernière section de route qui serpente à flanc de montagne, l’axe principal longe le Golo. Alors que les virages se succèdent sur l’étroite départementale, les toits en ardoise qui coiffent les maisons aux façades colorées se dévoilent. Perché à 600 mètres d’altitude dans le massif de Tenda, Lento est un joli village pittoresque où ne vivent qu’une centaine d’âmes l’hiver.
Je retrouve, en contrebas du centre de ce petit lieu de vie, le groupe et le guide avec lesquels je vais passer une demi-journée pour en découvrir davantage. La première halte est effectuée au lavoir, espace de vie et d’échanges où les femmes se rendaient dans le temps pour y laver le linge. Il faut dire que les hommes, à cette époque, n’étaient pas encore sollicités pour effectuer les tâches ménagères les plus courantes.
En poursuivant notre chemin, nous pénétrons dans le cœur de la commune ou un dédale de ruelles, ou « stretta » en
Corse, desservent les habitations. Quelques mètres plus loin, l’église paroissiale Santa Maria Maddalena s’impose dans le décor avec ses volumes majestueux.
L’édifice, bien conservé, prouve l’importance que tient encore aujourd’hui la religion dans la sphère publique et familiale. Notre guide, qui n’est pas avare en anecdotes,
nous invite à présent à sortir du monument et à nous diriger vers les hauteurs. Nous quittons le village et prenons un sentier dans le sous-bois qui nous conduit à la chapelle San Cervone. Bijou de l’architecture romane, la bâtisse occupe une
éminence dominant tout le paysage et offre des perspectives remarquables sur la vallée. Possiblement fondée au XIe siècle, la chapelle fut reconstruite au XVIIIe avant d’être progressivement abandonnée.
Au-dessus, à seulement quelques encablures, une belle châtaigneraie témoigne du lien qu’il existe encore entre cet arbre nourricier et la communauté rurale de la microrégion. Après une petite demi-heure sur site, nous quittons les lieux pour retourner au village par une trace que nous n’avons pas encore empruntée. Le circuit se termine finalement au bar où chacun se désaltère à sa façon. Pour certains, ce sera un sirop à l’eau, et pour d’autres une bière bien rafraîchissante, tout cela dans la bonne humeur et les rires..